A méditer
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A méditer
Sans être parano, l'article ci-dessous est à méditer serieusement:
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/31/01016-20100731ARTFIG00004-insecurite-c-etait-intenable-nous-sommes-partis.php
Insécurité : «C'était intenable, nous sommes partis»
Par Raphaël Stainville
Myriam, jeune femme appréciée de tous, voulait croire au bonheur à Perpignan. Mais les Agressions, incivilités, trafics, montée du communautarisme, des tensions raciales et des violences tribales... Victimes de cette situation, des familles migrent. Des anonymes qui vivent aujourd'hui en France comme des exilés de l'intérieur. Après les émeutes de Grenoble et Saint-Aignan, reportage à Perpignan.
Myriam P. s'en souvient comme si c'était hier. Elle se souvient des cris dans la rue, des insultes qui montaient, de la horde qui gonflait, se massait sous ses fenêtres, des projections de pierres et de carrelages qui menaçaient de tomber dans la chambre de sa fille endormie et bientôt des coups de boutoir dans sa porte, après qu'une quinzaine de jeunes eurent défoncé le portail de son immeuble.
Réfugiée dans les toilettes de son appartement, tenant blottie contre elle son bébé tandis qu'elle essayait désespérément de joindre la police, elle pouvait les entendre qui hurlaient:« On va vous crever, sales céfrans (Français, ndlr). » Son mari, lui, arc-bouté derrière la porte d'entrée, pouvait voir voler en éclats son mur devenu poussière de plâtre. « On a cru vivre nos derniers instants. Sans l'intervention de la BAC, c'en était fini. » C'était dans la nuit du 17 au 18 avril, au 14 de la rue des Trois-Journées, en plein cœur de Perpignan. A cinquante mètres de la splendeur gothique qu'est la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, et à deux cents mètres à peine du commissariat principal. Coupables d'avoir osé demander que cessent sous leurs fenêtres les rodéos de scooters et menacé de prévenir les flics.
Pendant cinq jours, encore traumatisé par la violence de l'agression, le jeune couple a bénéficié, grâce à leur assureur, de la protection d'un vigile. Mais après? Renforcer la cloison? Dérisoire! S'en remettre aux caméras de surveillance installées dans la ville pour prévenir des agressions? Elles ont fait la démonstration que la dissuasion ne suffisait pas face à des délinquants mineurs le plus souvent impunis. A quoi bon vouloir rester dans ce quartier quand leurs agresseurs étaient déjà libres, alors qu'eux-mêmes, à quatre heures du matin, n'avaient pas fini de déposer plainte? L'un d'eux, à 15 ans, comptait déjà 122 arrestations à son actif. Rester? Autant tenter le diable! « C'était intenable, donc nous sommes partis. Il aurait fallu me payer très cher pour que j'y reste un mois de plus », dit-elle aujourd'hui avec le sentiment coupable qu'en choisissant l'exil, elle démissionne et abandonne le terrain à ces nouveaux barbares.
Pour autant, cette jeune femme énergique sera la seule à témoigner à visage découvert, parce qu'« il faut sortir de l'omerta, briser la spirale du silence ». C'est qu'elle n'est pas seule à avoir connu l'enfer. Certains n'ont pas eu sa «chance».
Direction Saint-Assiscle, un quartier résidentiel de Perpignan. Le 2 juillet, Katy et Thierry, son compagnon, ont été à leur tour victimes de la violence ordinaire. Sur sa page Facebook, la jeune femme de 35 ans livre, lasse, ses sentiments:« C'est pas la joie en ce moment avec la merde qui traîne dans mon quartier... J'ai failli perdre la vue à l'œil gauche. Voilà, c'est pas trop la fête à Perpignan. » Lorsqu'elle consent à nous parler, enfin, elle explose. Son compagnon ? Agressé au poing américain et à la barre de fer, alors qu'il était descendu s'interposer, voyant que deux gamins à vélo qui rentraient du cinéma étaient sur le point de tomber dans un guet-apens, au milieu de jeunes caillassant des voitures. Ils étaient quinze à s'acharner sur lui. Résultat : douze points de suture sur le visage et trois autres sur le crâne. Elle ? Rouée de coups par des gosses à qui elle distribuait des bonbons à l'occasion des fêtes de quartier! « Pendant que nous déposions plainte, certains jeunes étaient déjà à nos fenêtres, salissant d'insultes notre fille de 10 ans qui n'arrivait plus à dormir et qui attendait notre retour... la menaçant : "On va t'attraper !" Depuis, elle fait des cauchemars ! » Et son petit frère de 8 ans, un garçon qui ne s'est jamais battu et, insiste Katy, a toujours été premier de sa classe... lui ne cesse désormais de répéter:« Quand je serai grand, je vous tuerai tous. » Depuis, des bandes traînent sous leurs fenêtres et font pression pour qu'ils retirent leur plainte. « Nos voisins eux-mê mes nous le demandent, pour en finir avec cette histoire qui empoisonne la vie de l'immeuble. Boîte à lettres fracassée, courrier volé, je suis aujourd'hui obligée de convenir de rendez-vous avec la postière pour récupérer mes lettres ! » Intimidations, menaces, comment, dans ces conditions, rester plus longtemps ? Pour Katy, la conclusion s'impose d'elle-même : « Longtemps, la France a été une terre d'asile. Aujourd'hui, c'est à notre tour de nous réfugier, parce que c'est trop tard et que la situation nous a échappé. »
Comme Daniel W. Rossé, passé à tabac pour un paquet de cigarettes, alors qu'il déambulait dans les rues du quartier Saint-Matthieu, il a fui le centre-ville où il vivait depuis dix ans. « Lorsque je me suis relevé, j'ai mis une heure à faire trois cents mètres pour rentrer chez moi. Quand je me suis présenté au commissariat quelques jours plus tard, les flics n'ont même pas daigné enregistrer ma plainte. »
Les histoires se ressemblent comme de tragiques copiés-collés. Comme si rien n'était fait. Ou que ce qui est entrepris l'était en vain. Difficile pourtant de croire qu'une telle violence peut régner à Perpignan, et qu'en plein centre-ville, certains quartiers sont de véritables zones de non-droit, aux mains de petits caïds à peine sortis de l'adolescence. Les façades, pour beaucoup, sont ravalées, lessivées. Il n'y a pas de tags. Tout juste quelques travellers, comme on les appelle, qui quémandent trois sous et une cigarette en jouant de la guitare sur le trottoir, une bouteille de Bud à la main. Un calme trompeur. « C'est que les racailles qui habituellement squattent le quai Vauban, terrorisent le quartier Saint-Jacques ou le quartier Saint-Matthieu, ont quitté la ville, tous frais payés par la municipalité, pour la Côte d'Azur », observe un commerçant excédé.
Abdel, lui, a anticipé le retour de ces « fils indignes » de l'immigration. Agressions, insultes, il a fini par fermer son restaurant de couscous en centre-ville, qui faisait le bonheur des troupes de théâtre à la sortie des spectacles, pour en ouvrir un autre à la fin du mois d'août, dans un quartier plus paisible, en périphérie.
Latifa (le prénom a été changé), une Algérienne aujourd'hui à la retraite, a honte elle aussi. Honte que ces « Arabes » ou ces « Gitans », dit-elle sans s'entourer des précautions dont le plus souvent usent les commerçants ou les politiques, qui préfèrent évoquer « les populations difficiles », puissent imposer aux habitants de Perpignan un « quasi couvre-feu». « Vous comprenez, insiste-t-elle au téléphone, moi, j'ai connu la guerre. » Les rodéos de scooters, les vols à l'arraché, les trafics, les gosses camés ont fini par dissuader les gens de sortir le soir. Quai Vauban, où a été délocalisé le Quick, les restaurants font le plein de leurs terrasses en journée. Le soir, la clientèle, lorsqu'elle se déplace, se réfugie dans les arrière-salles. « Quand on sort, dit Latifa, on ne peut s'empêcher de se retourner en sursaut au moindre bruit. Ce n'est pas normal. »
Exaspérés, certains parlent de s'organiser en milice
Quartier Saint-Matthieu, nous avons rencontré Carlos, une grande carcasse brune qui ne craint pas grand monde. C'est lui qui, au début du mois, est venu porter secours à André Crémer, 88 ans, agressé avec sa femme alors qu'il venait d'acheter du pain, et qui mourra quelques jours plus tard des suites de ses blessures. Assis sur les marches qui conduisent à la CAF, Carlos raconte, jetant parfois un regard un peu inquiet sur les passants qui nous observent, saluant aussi des voisins, des amis. Ceux qui restent encore. Il raconte l'absurdité d'une ville, où bientôt il faudra renoncer à se défendre, renoncer à dire non, sous peine d'être accusé de provocation. Lui vient d'Argentine. Il vit ici depuis plus de vingt-cinq ans. Il a vu se dégrader la situation, se déshumaniser le centre-ville, se transformer la rue Petite-la-Monnaie, autrefois l'artère la plus commerçante. Aujourd'hui, les échoppes sont presque toutes fermées. Ce ne sont plus que rideaux de fer baissés. Il a vu, il y a quelques années, arriver les bobos qui cherchaient à investir l'un des quartiers historiques de Perpignan, avant de quitter leurs appartements au bout de trois mois. Il a entendu et cru les discours sur la mixité sociale. Aujourd'hui, il constate que les communautés s'affrontent, qu'il n'y a plus aucune volonté d'assimilation, et que les gens ne se contentent pas d'importer leur culture, mais aussi leurs problèmes. « Vous imaginez, moi, si j'étais arrivé en bombacha (pantalon gaucho, ndlr), le sombrero vissé sur la tête, avec mon cheval et mes moutons que j'aurais laissés ch... dans la rue ? »
Maire adjoint UMP chargé de la sécurité, Pierre Parrat minimise. Pour lui, depuis 2005, et les émeutes qui ont vu s'affronter les populations gitane et maghrébine, la situation s'est améliorée. Chiffres à l'appui, il nous en fait la démonstration. On veut bien le croire, croire qu'il ne s'agit que d'un sentiment d'insécurité exacerbé par la crise. Et pourtant, il faut pouvoir entendre cette exaspération sourde qui monte, cette colère qui gronde, la désespérance de beaucoup. Certains parlent à demi-mots de s'organiser en milice pour rétablir l'ordre. D'autres font provision d'armes. « En face, ils ne nous ont pas attendus pour s'équiper. » Le maire lui-même, dans une réunion publique, le 8 juillet, reconnaissait le phénomène:« Ce sentiment d'impunité et d'insécurité prend le pas sur notre vie en société. Il n'y a qu'à voir les magasins qui vendent des bombes lacrymogènes et des matraques électriques littéralement dévalisés par des particuliers. C'est inacceptable. »
Perpignan est une poudrière. Dans certains quartiers, comme le Bas-Vernet, les médecins ne se déplacent plus en urgence le soir et vous dirigent directement vers l'hôpital. Comme à Béziers. Ou à Nîmes. En mai dernier, un praticien de SOS Médecins a été agressé dans la cité du Valdegour. En réponse, Bernard Sialve, fondateur de la structure nîmoise, a fait valoir son « droit au retrait », « parce qu'il n'est pas de métier qui mérite que l'on puisse mourir pour l'exercer ». « Depuis, dit-il au téléphone, la situation est redevenue normale. » Lorsqu'ils sont appelés en pleine nuit pour ausculter les malades, ils demandent aux habitants d'assurer la sécurité de leur véhicule et de leur personne, faute de quoi, ils ne peuvent intervenir. Bernard Sialve se contente de cela. Un Etat de non-droit où émergent partout des zones d'inégalités territoriales.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/07/31/01016-20100731ARTFIG00004-insecurite-c-etait-intenable-nous-sommes-partis.php
Insécurité : «C'était intenable, nous sommes partis»
Par Raphaël Stainville
Myriam, jeune femme appréciée de tous, voulait croire au bonheur à Perpignan. Mais les Agressions, incivilités, trafics, montée du communautarisme, des tensions raciales et des violences tribales... Victimes de cette situation, des familles migrent. Des anonymes qui vivent aujourd'hui en France comme des exilés de l'intérieur. Après les émeutes de Grenoble et Saint-Aignan, reportage à Perpignan.
Myriam P. s'en souvient comme si c'était hier. Elle se souvient des cris dans la rue, des insultes qui montaient, de la horde qui gonflait, se massait sous ses fenêtres, des projections de pierres et de carrelages qui menaçaient de tomber dans la chambre de sa fille endormie et bientôt des coups de boutoir dans sa porte, après qu'une quinzaine de jeunes eurent défoncé le portail de son immeuble.
Réfugiée dans les toilettes de son appartement, tenant blottie contre elle son bébé tandis qu'elle essayait désespérément de joindre la police, elle pouvait les entendre qui hurlaient:« On va vous crever, sales céfrans (Français, ndlr). » Son mari, lui, arc-bouté derrière la porte d'entrée, pouvait voir voler en éclats son mur devenu poussière de plâtre. « On a cru vivre nos derniers instants. Sans l'intervention de la BAC, c'en était fini. » C'était dans la nuit du 17 au 18 avril, au 14 de la rue des Trois-Journées, en plein cœur de Perpignan. A cinquante mètres de la splendeur gothique qu'est la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, et à deux cents mètres à peine du commissariat principal. Coupables d'avoir osé demander que cessent sous leurs fenêtres les rodéos de scooters et menacé de prévenir les flics.
Pendant cinq jours, encore traumatisé par la violence de l'agression, le jeune couple a bénéficié, grâce à leur assureur, de la protection d'un vigile. Mais après? Renforcer la cloison? Dérisoire! S'en remettre aux caméras de surveillance installées dans la ville pour prévenir des agressions? Elles ont fait la démonstration que la dissuasion ne suffisait pas face à des délinquants mineurs le plus souvent impunis. A quoi bon vouloir rester dans ce quartier quand leurs agresseurs étaient déjà libres, alors qu'eux-mêmes, à quatre heures du matin, n'avaient pas fini de déposer plainte? L'un d'eux, à 15 ans, comptait déjà 122 arrestations à son actif. Rester? Autant tenter le diable! « C'était intenable, donc nous sommes partis. Il aurait fallu me payer très cher pour que j'y reste un mois de plus », dit-elle aujourd'hui avec le sentiment coupable qu'en choisissant l'exil, elle démissionne et abandonne le terrain à ces nouveaux barbares.
Pour autant, cette jeune femme énergique sera la seule à témoigner à visage découvert, parce qu'« il faut sortir de l'omerta, briser la spirale du silence ». C'est qu'elle n'est pas seule à avoir connu l'enfer. Certains n'ont pas eu sa «chance».
Direction Saint-Assiscle, un quartier résidentiel de Perpignan. Le 2 juillet, Katy et Thierry, son compagnon, ont été à leur tour victimes de la violence ordinaire. Sur sa page Facebook, la jeune femme de 35 ans livre, lasse, ses sentiments:« C'est pas la joie en ce moment avec la merde qui traîne dans mon quartier... J'ai failli perdre la vue à l'œil gauche. Voilà, c'est pas trop la fête à Perpignan. » Lorsqu'elle consent à nous parler, enfin, elle explose. Son compagnon ? Agressé au poing américain et à la barre de fer, alors qu'il était descendu s'interposer, voyant que deux gamins à vélo qui rentraient du cinéma étaient sur le point de tomber dans un guet-apens, au milieu de jeunes caillassant des voitures. Ils étaient quinze à s'acharner sur lui. Résultat : douze points de suture sur le visage et trois autres sur le crâne. Elle ? Rouée de coups par des gosses à qui elle distribuait des bonbons à l'occasion des fêtes de quartier! « Pendant que nous déposions plainte, certains jeunes étaient déjà à nos fenêtres, salissant d'insultes notre fille de 10 ans qui n'arrivait plus à dormir et qui attendait notre retour... la menaçant : "On va t'attraper !" Depuis, elle fait des cauchemars ! » Et son petit frère de 8 ans, un garçon qui ne s'est jamais battu et, insiste Katy, a toujours été premier de sa classe... lui ne cesse désormais de répéter:« Quand je serai grand, je vous tuerai tous. » Depuis, des bandes traînent sous leurs fenêtres et font pression pour qu'ils retirent leur plainte. « Nos voisins eux-mê mes nous le demandent, pour en finir avec cette histoire qui empoisonne la vie de l'immeuble. Boîte à lettres fracassée, courrier volé, je suis aujourd'hui obligée de convenir de rendez-vous avec la postière pour récupérer mes lettres ! » Intimidations, menaces, comment, dans ces conditions, rester plus longtemps ? Pour Katy, la conclusion s'impose d'elle-même : « Longtemps, la France a été une terre d'asile. Aujourd'hui, c'est à notre tour de nous réfugier, parce que c'est trop tard et que la situation nous a échappé. »
Comme Daniel W. Rossé, passé à tabac pour un paquet de cigarettes, alors qu'il déambulait dans les rues du quartier Saint-Matthieu, il a fui le centre-ville où il vivait depuis dix ans. « Lorsque je me suis relevé, j'ai mis une heure à faire trois cents mètres pour rentrer chez moi. Quand je me suis présenté au commissariat quelques jours plus tard, les flics n'ont même pas daigné enregistrer ma plainte. »
Les histoires se ressemblent comme de tragiques copiés-collés. Comme si rien n'était fait. Ou que ce qui est entrepris l'était en vain. Difficile pourtant de croire qu'une telle violence peut régner à Perpignan, et qu'en plein centre-ville, certains quartiers sont de véritables zones de non-droit, aux mains de petits caïds à peine sortis de l'adolescence. Les façades, pour beaucoup, sont ravalées, lessivées. Il n'y a pas de tags. Tout juste quelques travellers, comme on les appelle, qui quémandent trois sous et une cigarette en jouant de la guitare sur le trottoir, une bouteille de Bud à la main. Un calme trompeur. « C'est que les racailles qui habituellement squattent le quai Vauban, terrorisent le quartier Saint-Jacques ou le quartier Saint-Matthieu, ont quitté la ville, tous frais payés par la municipalité, pour la Côte d'Azur », observe un commerçant excédé.
Abdel, lui, a anticipé le retour de ces « fils indignes » de l'immigration. Agressions, insultes, il a fini par fermer son restaurant de couscous en centre-ville, qui faisait le bonheur des troupes de théâtre à la sortie des spectacles, pour en ouvrir un autre à la fin du mois d'août, dans un quartier plus paisible, en périphérie.
Latifa (le prénom a été changé), une Algérienne aujourd'hui à la retraite, a honte elle aussi. Honte que ces « Arabes » ou ces « Gitans », dit-elle sans s'entourer des précautions dont le plus souvent usent les commerçants ou les politiques, qui préfèrent évoquer « les populations difficiles », puissent imposer aux habitants de Perpignan un « quasi couvre-feu». « Vous comprenez, insiste-t-elle au téléphone, moi, j'ai connu la guerre. » Les rodéos de scooters, les vols à l'arraché, les trafics, les gosses camés ont fini par dissuader les gens de sortir le soir. Quai Vauban, où a été délocalisé le Quick, les restaurants font le plein de leurs terrasses en journée. Le soir, la clientèle, lorsqu'elle se déplace, se réfugie dans les arrière-salles. « Quand on sort, dit Latifa, on ne peut s'empêcher de se retourner en sursaut au moindre bruit. Ce n'est pas normal. »
Exaspérés, certains parlent de s'organiser en milice
Quartier Saint-Matthieu, nous avons rencontré Carlos, une grande carcasse brune qui ne craint pas grand monde. C'est lui qui, au début du mois, est venu porter secours à André Crémer, 88 ans, agressé avec sa femme alors qu'il venait d'acheter du pain, et qui mourra quelques jours plus tard des suites de ses blessures. Assis sur les marches qui conduisent à la CAF, Carlos raconte, jetant parfois un regard un peu inquiet sur les passants qui nous observent, saluant aussi des voisins, des amis. Ceux qui restent encore. Il raconte l'absurdité d'une ville, où bientôt il faudra renoncer à se défendre, renoncer à dire non, sous peine d'être accusé de provocation. Lui vient d'Argentine. Il vit ici depuis plus de vingt-cinq ans. Il a vu se dégrader la situation, se déshumaniser le centre-ville, se transformer la rue Petite-la-Monnaie, autrefois l'artère la plus commerçante. Aujourd'hui, les échoppes sont presque toutes fermées. Ce ne sont plus que rideaux de fer baissés. Il a vu, il y a quelques années, arriver les bobos qui cherchaient à investir l'un des quartiers historiques de Perpignan, avant de quitter leurs appartements au bout de trois mois. Il a entendu et cru les discours sur la mixité sociale. Aujourd'hui, il constate que les communautés s'affrontent, qu'il n'y a plus aucune volonté d'assimilation, et que les gens ne se contentent pas d'importer leur culture, mais aussi leurs problèmes. « Vous imaginez, moi, si j'étais arrivé en bombacha (pantalon gaucho, ndlr), le sombrero vissé sur la tête, avec mon cheval et mes moutons que j'aurais laissés ch... dans la rue ? »
Maire adjoint UMP chargé de la sécurité, Pierre Parrat minimise. Pour lui, depuis 2005, et les émeutes qui ont vu s'affronter les populations gitane et maghrébine, la situation s'est améliorée. Chiffres à l'appui, il nous en fait la démonstration. On veut bien le croire, croire qu'il ne s'agit que d'un sentiment d'insécurité exacerbé par la crise. Et pourtant, il faut pouvoir entendre cette exaspération sourde qui monte, cette colère qui gronde, la désespérance de beaucoup. Certains parlent à demi-mots de s'organiser en milice pour rétablir l'ordre. D'autres font provision d'armes. « En face, ils ne nous ont pas attendus pour s'équiper. » Le maire lui-même, dans une réunion publique, le 8 juillet, reconnaissait le phénomène:« Ce sentiment d'impunité et d'insécurité prend le pas sur notre vie en société. Il n'y a qu'à voir les magasins qui vendent des bombes lacrymogènes et des matraques électriques littéralement dévalisés par des particuliers. C'est inacceptable. »
Perpignan est une poudrière. Dans certains quartiers, comme le Bas-Vernet, les médecins ne se déplacent plus en urgence le soir et vous dirigent directement vers l'hôpital. Comme à Béziers. Ou à Nîmes. En mai dernier, un praticien de SOS Médecins a été agressé dans la cité du Valdegour. En réponse, Bernard Sialve, fondateur de la structure nîmoise, a fait valoir son « droit au retrait », « parce qu'il n'est pas de métier qui mérite que l'on puisse mourir pour l'exercer ». « Depuis, dit-il au téléphone, la situation est redevenue normale. » Lorsqu'ils sont appelés en pleine nuit pour ausculter les malades, ils demandent aux habitants d'assurer la sécurité de leur véhicule et de leur personne, faute de quoi, ils ne peuvent intervenir. Bernard Sialve se contente de cela. Un Etat de non-droit où émergent partout des zones d'inégalités territoriales.
dionnode- Messages : 5
Date d'inscription : 16/04/2010
Re: A méditer
la seule réponse est effectivement la cohésion entre nous et pourquoi pas l'organisation d'une milice.
lapaix- Messages : 531
Date d'inscription : 22/03/2010
Messieurs les édiles : n'avez-vous pas encore compris?
Une milice?
Peut-être serons-nous un jour obligés d'en arriver là!
Mais auparavant continuons d'interpeller nos édiles aveugles et sourds en gueulant très fort:
NON A LA MIXITE SOCIALE
Bonne soirée
Peut-être serons-nous un jour obligés d'en arriver là!
Mais auparavant continuons d'interpeller nos édiles aveugles et sourds en gueulant très fort:
NON A LA MIXITE SOCIALE
Bonne soirée
Gilbert 77- Messages : 18
Date d'inscription : 02/07/2010
Age : 78
Localisation : SERRIS
Re: A méditer
Non à la mixité sociale: il est clair que je ne veux pas vivre avec des gens qui me jugeront sur des stéreotypes sociaux. ALors oui je reste dans mon HLM avec des gens normaux qui n'ont pas peur de la différence, qui sont ouvert d'esprit.
Mais je garde à la pensée toutes ces personnes qui travaillent comme moi à votre service, à votre confort et qui ne pourront vivre sur leurs lieux de travail de part vos angoisses, vos peurs des différences.
Mais je garde à la pensée toutes ces personnes qui travaillent comme moi à votre service, à votre confort et qui ne pourront vivre sur leurs lieux de travail de part vos angoisses, vos peurs des différences.
Pauldine- Messages : 198
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: A méditer
Paudine, ce dont nous avons peur, ce n'est pas de la différence, mais du racisme anti-blancs fort bien évoqué dans l'article de presse que nous a reproduit dionnode. Dans un autre fil de discussion, j'ai donné des liens vers plusieurs vidéos montrant où nous mène ce racisme. C'était, je le précise, avant les émeutes de Grenoble où pour la première fois, nos ennemis ont fait usage d'armes de guerre, bazookas notamment.Pauldine a écrit:ALors oui je reste dans mon HLM avec des gens normaux qui n'ont pas peur de la différence, qui sont ouvert d'esprit.
Pauldine, la question n'est pas de savoir si nous sommes pour ou contre la mixité sociale, puisque aujourd'hui, cette mixité n'existe pas. Relis l'article reproduit par dionnode : tu comprendras pourquoi.
GG 77- Messages : 415
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: A méditer
Sur ce point, je suis entièrement d'accord avec toi, monsieur GG77 mais si tu me permets cette question : n'est ce pas à force de "ghettoîser" les gens que nous en sommes là ? Echanger toi et moi ces mots n'est ce pas deja une mixité ?
Tu ne penses pas que mon fils puisse (je croise les doigts pour que jamais) devenir raciste anti-blanc à force que les gens le regardent comme un arabe ? Je t'avoue que je suis de moins en moins tolérante sur ce sujet. Si beaucoup écrivent "nous voulons vivre dans le calme" cela se traduit aussi par "les autres dans le bordel" ? Trop de questions, une discussion intéressante si aucune aggressivité écrite n'intervient ici.
Tu ne penses pas que mon fils puisse (je croise les doigts pour que jamais) devenir raciste anti-blanc à force que les gens le regardent comme un arabe ? Je t'avoue que je suis de moins en moins tolérante sur ce sujet. Si beaucoup écrivent "nous voulons vivre dans le calme" cela se traduit aussi par "les autres dans le bordel" ? Trop de questions, une discussion intéressante si aucune aggressivité écrite n'intervient ici.
Pauldine- Messages : 198
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: A méditer
Si tu me donnes du "monsieur GG77", c'est que tu es fâchée après moi. Comment vais-je me faire pardonner ?Pauldine a écrit:Sur ce point, je suis entièrement d'accord avec toi, monsieur GG77
Tu inverses les données du problème. C'est parce que les Français ont été obligés de partir que les ghettos se sont créés. Les caïds ont pris la relève et la mixité sociale n'a duré que très peu de temps.Pauldine a écrit:n'est ce pas à force de "ghettoîser" les gens que nous en sommes là ?
Si ma femme lit ça, je suis mort !Pauldine a écrit:Echanger toi et moi ces mots n'est ce pas deja une mixité ?
Les Asiatiques avec qui j'ai eu l'occasion de travailler avaient un point commun : ils ont bossé plus fort que les autres, ce qui faisait souvent d'eux les meilleurs. Si je devais donner un conseil à ton fils, ce serait qu'il s'inspire de ces Asiatiques. Les Arabes qui l'ont fait ont généralement connu une réussite enviable, sans pour autant renier leur âme.Pauldine a écrit:Tu ne penses pas que mon fils puisse (je croise les doigts pour que jamais) devenir raciste anti-blanc à force que les gens le regardent comme un arabe ? Je t'avoue que je suis de moins en moins tolérante sur ce sujet.
Non, ça veut simplement dire qu'au Val d'Europe, nous refusons de devenir une zone de non droit.Pauldine a écrit:Si beaucoup écrivent "nous voulons vivre dans le calme" cela se traduit aussi par "les autres dans le bordel" ?
Mon dentiste me coûte trop cher pour que je puisse simplement songer à mordre !Pauldine a écrit:Trop de questions, une discussion intéressante si aucune aggressivité écrite n'intervient ici.
GG 77- Messages : 415
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: A méditer
Monsieur me semblait plus respectueux.
Pauldine- Messages : 198
Date d'inscription : 26/01/2010
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